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lundi 3 février 2014

PMA et famille: l'avortement grotesque de Hollande

Les réacs de droite n'ont pas voté pour François Hollande mais ils lui dictent sa politique: au lendemain d'une nouvelle mobilisation de la Manif pour tous, le gouvernement prononce la mort clinique de la PMA (procréation médicalement assistée) pour les couples de lesbiennes et, dans la foulée, le report du projet de loi sur la famille à 2015.


Prétexte officiel: un agenda parlementaire chargé et la priorité à l'économie. A deux mois de municipales difficiles pour le PS, Matignon ne se confie que "off" aux médias, qui citent "l'entourage du Premier ministre" (AFP, Le Parisien). Mais la réponse de la ministre de la Famille, Dominique Bertinotti, à ce camouflet, vaut confirmation: "Rien à dire".

 

Valls mélange PMA et GPA


Manuel Valls ouvre le bal le matin sur RTL: "Il n'y aura pas, dans la loi famille, de PMA ou de GPA, et le gouvernement s'opposera aux amendements sur ce sujet-là". Dans une même phrase, le ministre de l'Intérieur sort de son domaine, s'assoit sur la liberté des députés et reprend à son compte l'amalgame soigneusement cultivé par la Manif pour tous et consorts entre PMA et GPA (gestation pour autrui).

Car si la PMA permet à une femme de concevoir avec son propre corps et est ouverte aux couples hétéros, la GPA permet de disposer du corps d'une autre femme pour porter un enfant et est interdite en France.


ZAPPING VIDÉO - Manuel Valls : "Pas de GPA et... par rtl-fr

Les lesbiennes n'y croyaient déjà plus

 

La surprise est limitée pour les lesbiennes: si Hollande s'était dit favorable à la PMA dans un entretien au magazine Têtu, il ne s'était engagé que sur l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples de lesbiennes et de gays lors de la campagne présidentielle. De fait, le mariage pour tous est devenu réalité le 17 mai 2013.

Mais sur la PMA, Hollande restait dans l'ambiguïté, renvoyant finalement la balle au Comité consultatif national d'éthique (CNE), plutôt enclin à dire non jusqu'ici. On attend toujours l'avis, initialement prévu pour... la fin 2013.

Après l'annonce du gouvernement, le patron des députés PS, Bruno Le Roux, fulmine mais avale la couleuvre, sachant que son camp est divisé; les Verts, qui demandaient l'inclusion de la PMA dans le mariage pour tous, s'énervent mais ne quittent pas le gouvernement. La droite, de Copé à Juppé,  triomphe.

PMA: un camouflet pour Bertinotti
Un camouflet pour Bertinotti (Photo LToutes)

Les réacs s'engouffrent dans la brèche

 

A la tête de la Manif pour tous, Ludivine de la Rochère crie fort justement à la "victoire" et veut aller plus loin. "Le gouvernement a ouvert une porte", clame-t-elle sur France-2. Quelle porte? Celle du recul sur l'avortement, comme en Espagne? De l'abrogation du mariage pour tous? Du renoncement à la sensibilisation à l'égalité des sexes à l'école? De l'absence de débat sur l'euthanasie? Et pourquoi pas revenir sur le droit de vote des femmes, auquel s'opposaient les mêmes au sortir de la guerre?

En s'inclinant devant la France la plus réactionnaire, Hollande fait juste l'aveu de sa faiblesse. Il ne gagne aucun point à droite tandis qu'il en perd à gauche. Bien joué.