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samedi 14 mars 2009

Eudy Simelane, assassinée parce que lesbienne

Eudy Simelane, 31 ans, lesbienne, a été violée et tuée en 2008. Le procès des assassins de cette ancienne joueuse de football professionnelle d'un township de Johannesburg, a commencé en février 2009. Un homme a plaidé coupable et a été condamné à 32 ans de prison.

Mais lors de la sentence, le juge a expliqué que l'orientation sexuelle de la victime n'avait eu "aucune importance" dans ce crime. Le procès de trois autres hommes qui plaident non coupables commencera en juillet.

- Lire aussi sur LToutes: "En Afrique du Sud, on viole les lesbiennes pour les 'guérir'" (14/03/2009)

"J'ai rencontré Eudy à l'école et nous sommes devenues amies. Déjà, nous étions différentes des autres filles", raconte Pretty, 31 ans, dans le rapport de ActionAid sur les violences subies par les lesbiennes en Afrique du Sud.

"Eudy était fière de ce qu'elle était (...) Elle savait ce qu'elle voulait faire de sa vie. Qu'elle puisse être tuée comme ça, avec cette violence, je n'arrive toujours pas à y croire (...) Quand j'ai su ce qui lui était arrivé, je suis allée là où cela s'est produit, où ils l'avaient violée et frappée. Son sang et ses vêtements étaient encore éparpillés partout, mais la police avait juste tout laissé là.

Je n'oublierai jamais son père, à genoux, essuyant son sang avec ses mains. Quand vous avez vu cela, vous ne pouvez qu'avoir peur tout le temps. J'ai été souvent frappée et insultée. Il y a une menace de viol tous les jours.

J'ai d'abord essayé de les combattre quand ils nous attaquaient, mais j'ai réalisé que ça ne servait à rien. Je ne serai jamais assez forte physiquement. Alors j'ai décidé de les combattre d'une autre manière. Ce que je fais dans l'association "Gender Equality Project", c'est essayer d'aider les lesbiennes et les gays
".

- Lire aussi sur LToutes: "Kirghizistan: le viol pour 'guérir' les lesbiennes" (16/10/2008)

En Afrique du Sud, on viole les lesbiennes pour les "guérir"

Atarcia et Phumla
- Lire aussi sur LToutes: "Eudy Simelane, assassinée parce que lesbienne" (14/03/2009)

"Ils m'ont dit qu'ils me tueraient, qu'ils allaient me violer et qu'après m'avoir violée, je deviendrais une fille, une fille hétéro". Zakhe, 23 ans, fait partie des 15 Sud-africaines noires qui ont raconté leur calvaire dans un rapport publié par l'ONG ActionAid. Celui-ci dénonce la flambée des viols de lesbiennes, destinés à les "guérir" de leur orientation sexuelle.

"J'ai été trahie par mon meilleur ami à l'école", raconte Nomawabo, 30 ans. "Il m'a dit de venir chez lui pour travailler sur nos devoirs, mais quand je suis arrivée, nous nous sommes battus (...) Il m'a violée en me disant que c'était parce que je ne devais plus être lesbienne. Après ça, je suis tombée enceinte".

"La deuxième fois, mes amies du club de football et moi avons été enlevées sous la menace d'une arme. Ils nous ont emmenées et ont fait ce qu'ils voulaient de nous pendant trois jours. Nous l'avons dit à la police (...) mais il ne s'est rien passé parce qu'ils pensaient tous que nous le méritions".

"Ils pensaient tous que nous le méritions"
L'an dernier, un rapport de la Commission sud-africaine des droits de l'Homme avait déjà tiré la sonnette d'alarme face à la montée des viols de lesbiennes dans les écoles du pays, où de jeunes garçons agressent les filles pour "corriger" leur orientation sexuelle. Aujourd'hui, selon les ONG, le viol devient le crime de haine le plus courant contre les lesbiennes dans les townships.

Une association de défense des droits des homosexuels au Cap affirme être informée de 10 nouveaux cas par semaine, un chiffre en forte progression. Et ce sont les lesbiennes noires de ces quartiers pauvres qui sont les plus touchées.

"Si vous êtes une lesbienne à Soweto, les mecs vous voient comme une menace et quelque chose qu'il faut faire disparaître de la surface de la terre", raconte Phumla, de Soweto, le township de Johannesburg. "On est insultée tous les jours, frappée si on marche seule, on vous rappelle tout le temps que vous êtes une salope. Ils hurlent: 'si je te viole, tu redeviendras hétéro, tu achèteras des jupes et tu te mettras à la cuisine parce que tu auras appris comment être une vraie femme'".

31 meurtres, une seule condamnation
Le 7 juillet 2007, les corps de Sizakele Sigasa et Salome Massooa ont été retrouvés près du township de Johannesburg où elles vivaient. Elles avaient été violées et torturées avant d'être attachées et abattues d'une balle dans la tête. Sizakele était une des premières femmes du township de Meadowlands à vivre ouvertement en tant que lesbienne. Elle était aussi une militante connue des droits des femmes et de la lutte contre le sida. Deux ans plus tard, personne n'a été traduit devant la justice pour ce crime. Le dossier est clos.

Zoliswa Nkonyana, 19 ans, a été lapidée en 2006 par une foule devant chez elle. Le procès des trois hommes poursuivis pour ce crime a été reporté à huit reprises.

Dans une étude réalisée auprès de victimes, 66% affirment qu'elles ne se sont pas adressées à la police, parce qu'elles pensaient ne pas être prises au sérieux. Et 25% d'entre elles avaient aussi peur de mentionner leur orientation sexuelle à la police, voire pour 22% d'être agressées. Comme l'une d'elle l'explique: "quand une lesbienne est violée, sa famille et les gens dans la rue disent qu'elle l'a mérité et que son violeur lui a montré comment être une femme. C'est plus facile de se taire".

Et celles qui réclament quand même justice sont souvent déçues. Seul un viol signalé sur cinq finit devant les tribunaux, et seuls 4% des cas aboutissent à une condamnation. Il y a eu 31 meurtres de lesbiennes enregistrés depuis 1998, et une seule condamnation.

- Lire aussi sur LToutes: "Kirghizistan: le viol pour 'guérir' les lesbiennes" (16/10/2008)

mardi 10 mars 2009

Homoparentalité: l'Eglise dit "non"

L'homoparentalité? Pour l'Eglise, c'est toujours non, au nom du "principe de précaution". La Conférence des évêques de France dit dans un communiqué publié lundi 9 mars tout le mal qu'elle pense de l'avant-projet de loi sur le statut du tiers, qu'elle accuse de mener à la reconnaissance de l'homoparentalité.

"Au détour d’un texte et sous couvert de la question de l’autorité des beaux parents, on donne un statut parental et conjugal aux unions entre partenaires du même sexe", accuse-t-elle. "Remplacer dans un texte de loi 'père et mère' par 'parents' est loin d’être anodin!", souligne-t-elle aussi. "L’étape suivante ne sera-t-elle pas d'autoriser l’adoption pour" les gays et les lesbiennes?

Or, l'Eglise de France estime qu'"aucun élément scientifique et sérieux ne permet de dire qu'il n'y aurait aucun dommage à ce qu'un enfant soit élevé par deux hommes ou par deux femmes plutôt que par un homme et une femme". Dans ces conditions, "il faudrait au moins appliquer le principe de précaution".

L'avant-projet de loi sur le statut du tiers a relancé le débat sur l'homoparentalité, avec une levée de boucliers à droite. Christine Boutin ou le Front national sont aussitôt montés au créneau, au point que le secrétaire général de l'UMP Xavier Bertrand a assuré vendredi qu'il n'était "pas question dans ce texte de reconnaître autre chose que des droits aux beaux-parents". L'enjeu, "ça n'est certainement pas de rentrer dans une logique qui serait une logique de mariage homosexuel ou d'adoption par les couples homosexuels, ce ne sont pas mes convictions, ce ne sont pas les convictions de ma famille politique", a-t-il souligné.

Mais l'UMP est visiblement divisée. Outre la secrétaire d'Etat à la Famille Nadine Morano, qui défend le projet de loi, Valérie Pécresse a estimé qu'il fallait "protéger l'enfant" en cas de décès du parent biologique ou légal d'"un couple de même sexe". "Quand un couple de même sexe élève un enfant, si jamais il arrive quelque chose au parent biologique, au parent légal, qu'est-ce qu'il arrive à l'enfant, qui va s'en occuper? Donc là je crois qu'il faut qu'il y ait une loi qui protège l'enfant", a argumenté la ministre de l'Enseignement supérieur, alors que même que ce projet de loi ne prévoit pas cette protection.

L'ex-judoka et nouveau secrétaire national de l'UMP David Douillet a aussi estimé que le texte allait "dans le bon sens". "La famille, c'est absolument pas biologique", a-t-il affirmé.

Pourtant, comme le souligne l'avocate Caroline Mecary, ce texte ne mérite pas une telle polémique, car il est loin d'être une révolution pour les couples homosexuels: "cet avant-projet de loi permet quelque chose qui existe déjà, à savoir un partage de l'exercice de l'autorité parentale entre deux personnes dont l'une n'a pas de lien de sang avec l'enfant", résume-t-elle. Alors, pourquoi des réactions si violentes?

Sur son blog, Alain Piriou estime que la "campagne d'opposition" dans laquelle se sont lancées "Christine Boutin et la réacosphère (...) rappelle à bien des égards la campagne antipacs de 1998".

"L'outrance, c'est de faire croire que ce texte est un pas en avant vers l'adoption pour les couples de même sexe", alors que "l'avant-projet de loi ne touche pas à la filiation", rappelle-t-il, même s'il le "regrette". "On agite le spectre de l'homoparentalité, parce qu'il est certes le plus efficace pour mobiliser ses propres troupes. Mais, dans le fond, ce qui fait horreur, c'est l'introduction d'une reconnaissance de droits associés à une relation sociale détachée du biologique", estime l'ancien porte-parole de l'inter-LGBT. "Avec le partage de l'exercice de l'autorité parentale, on donne en effet la qualité de presque-parent à un individu qui n'est pas le géniteur".