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jeudi 5 février 2009

Lancement des états généraux de la bioéthique

C'est parti pour les Etats généraux de la bioéthique. La ministre de la Santé Roselyne Bachelot a donné le coup d'envoi mercredi 4 février d'un grand débat national qui doit durer six mois et concerne directement les lesbiennes, puisqu'il doit notamment porter sur l'accès des homosexuelles aux techniques de procréation médicalement assistée.

La loi de bioéthique de 2004 réserve l'assistance médicale à la procréation (AMP) aux "couples constitués d’un homme et d’une femme", impose l'anonymat du don de sperme ou d’ovocytes et interdit la pratique des mères porteuses. Mais elle doit être revue par les parlementaires entre la fin 2009 et le premier trimestre 2010.

Les Etats généraux se dérouleront jusqu’en juin, et les citoyens sont invités à y participer, via des réunions régionales, l'envoi de contributions sur le site internet des états généraux, ouvert à partir du 16 février, ou en participant aux trois grands "forums citoyens".

L'un d'eux se tiendra au Triangle à Rennes le 11 juin et portera sur l’assistance médicale à la procréation: qui peut y avoir accès, faut-il que le don de gamètes reste anonyme, faut-il autoriser la "gestation pour autrui,...

Un colloque national fera la synthèse des débats le 23 juin, à la Maison de la Chimie à Paris, en présence de Nicolas Sarkozy. Le chef de l'Etat donnera alors le ton du débat parlementaire à venir. Le pilotage de ces Etats généraux a été confiée à un comité de 6 membres, présidé par le député Jean Leonetti.

Dans un rapport publié en janvier, le Sénat rappelait que "la France fait partie des pays qui limitent le plus strictement l'accès à l'assistance médicale à la procréation". L'Allemagne, l'Italie et la Suisse sont en effet les seuls pays qui, comme la France, réservent l'assistance médicale à la procréation aux couples hétérosexuels, mariés ou non. En novembre 2008, un autre rapport parlementaire, rédigé par les députés Alain Claeys (PS) et Jean-Sébastien Vialatte (UMP), s'était prononcé pour l'ouverture d'un "débat" en ce qui concerne les couples homosexuels. Ils avaient aussi suggéré de "lever l’anonymat sur les dons de gamètes si l’enfant le demande".

En revanche, les parlementaires restaient hostiles à l'autorisation de la maternité pour autrui ("mères porteuses") en France. Pourtant, plus de la moitié des Français (55%) sont favorables à l'autorisation du recours à des mères porteuses pour les couples homosexuels, 62% pour les célibataires, et 87% pour les couples hétérosexuels, selon un sondage Ipsos pour "Top Santé" et France-5 publié récemment.

- Lire aussi sur LToutes: "La procréation médicalement assistée pour les lesbiennes?" (21/11/2008); "Petit tour d'Europe de la PMA" (22/01/2009) ; "PMA: la France, mauvaise élève de l'Europe" (22/01/2009)

lundi 2 février 2009

L'adoption -encore- refusée à une lesbienne

Adopter un enfant reste un parcours de la combattante pour les lesbiennes. Le président du Conseil général du Jura Jean Raquin vient ainsi de refuser l'agrément demandé par Emmanuelle B., une institutrice de 48 ans, homosexuelle vivant en couple avec Laurence R., psychologue. Le rapport des services sociaux leur était pourtant favorable et la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) avait même condamné la France pour un premier refus d'agrément.

"Je privilégie l'adoption par un homme et une femme", avait expliqué le président du Conseil général, Gérard Bailly, au "Progrès" (26/01/2008). En 2005 au Sénat, il déclarait au sujet de l'adoption par des couples homosexuels: "le président de Conseil général que je suis ne peut accepter une telle demande". Le Conseil d'Etat lui avait donné raison en 2002, en invoquant l'intérêt de l'enfant, privé de figure paternelle. En France, l'adoption est pourtant ouverte aux célibataires comme aux couples mariés.

Mais un arrêt en forme de coup de tonnerre rendu en janvier 2008 par la Cour européenne avait semblé devoir changer radicalement la donne. La Cour avait ouvert la voie à l'adoption par un(e) homosexuel(le) en soulignant que le droit français autorisait l'adoption d'un enfant par un célibataire et que la Convention européenne des Droits de l'Homme interdisait de discriminer des personnes sur la base de leur orientation sexuelle.

Une telle décision aurait dû s'imposer à l'administration française, mais le nouveau président du Conseil général (divers droite) du Jura Jean Raquin (photo) a décidé de passer outre. Selon l'avocate d'Emmanuelle B. et Laurence R., Me Caroline Mécary, il justifie sa décision par une non-implication de la compagne et un désaccord qui existerait entre les deux femmes sur l'âge de l'enfant à adopter, deux "faits totalement contredits par l’enquête sociale et le rapport d’entretien psychologique, qui notent au contraire tous les deux l’implication de Laurence R.", souligne l'avocate.

Après ce nouveau rejet et dix ans de démarches, Emmanuelle B. et Laurence R., "très affectées par cette décision intolérable" selon Me Caroline Mécary, vont saisir le tribunal administratif de Besançon pour demander l'annulation "de cette décision arbitraire et discriminatoire". Elles comptent aussi saisir la Haute autorité de lutte contre les discriminations (HALDE), le comité des ministres chargé du suivi de l'exécution des arrêts de la CEDH, et le commissaire aux droits de l'Homme du Conseil de l'Europe.

"Il s’agit d‘une décision politique proprement scandaleuse" qui "fait fi des investigations des travailleurs sociaux, qui ont rencontré les deux femmes à plusieurs reprises" et "bafoue un arrêt de la Cour européenne des droits de l’Homme", souligne Me Mécary.

Dans un communiqué publié mardi 3 février 2009, l'Inter-LGBT "dénonce ce manquement au droit manifestement fondé sur des présupposés homophobes et apporte son total soutien à Emmanuelle B". "Seules des convictions idéologiques hostiles aux homosexuels peuvent expliquer un tel acharnement", souligne l'organisation de défense des droits des homosexuels, qui rappelle que si Emmanuelle B. avait choisi "de dissimuler son orientation sexuelle, son agrément aurait été sans doute accepté". Mais "elle a refusé l’hypocrisie que la rigidité conservatrice de certains aurait souhaité lui imposer".

dimanche 1 février 2009

Une lesbienne aux manettes en Islande

L'Islandaise Johanna Sigurdardottir est devenue ce dimanche 1er février 2009 la première Première ministre ouvertement lesbienne du monde. Elle a formé un gouvernement composé à parité de femmes et d'hommes, qu'elle dirigera jusqu'aux élections anticipées fixées au 25 avril.

Johanna Sigurdardottir est l'une des personnalités politiques les plus populaires d'Islande. Agée de 66 ans, elle est par ailleurs, comme le précise sa page Web officielle, mariée depuis 2002 avec l'écrivaine et dramaturge islandaise Jonina Leosdottir, 54 ans. La Première ministre a deux fils âgés de 32 et 37 ans, issus d'un premier mariage avec un homme, et son épouse un fils de 28 ans.

Mme Sigurdardottir et la nouvelle coalition sociale-démocrate-verte ont promis de se mettre immédiatement au travail pour redresser l'Islande. Et c'est bien la seule chose qui intéresse les 320.00 habitant de ce petit pays, aujourd'hui au bord du gouffre financier, économique et social alors qu'il comptait encore parmi les plus riches de la planète il y a quelques mois.



- Lire aussi sur LToutes: "Une lesbienne à la tête du gouvernement islandais?" (28/01/2009); "La première cheffe de gouvernement lesbienne racontée par sa nièce" (01/02/2009)

Islande: la première cheffe de gouvernement lesbienne racontée par sa nièce

Nanna Árnadóttir est la fière nièce de la nouvelle Première ministre islandaise, Jóhanna Sigurdardóttir. Sur le site Iceland Review, Elle s'étonne de l'insistance des médias étrangers sur l'homosexualité de sa tante et constate que l'orientation sexuelle continue de poser problème en Europe occidentale.

- Lire aussi sur LToutes: "Une lesbienne à la tête du gouvernement islandais?" (28/01/2009); "Une lesbienne aux manettes de l'Islande" (01/02/2009)

"A Noël dernier, j'ai offert à Jóhanna, la femme de ma tante, un T-shirt que j'avais acheté dans une petite boutique de Kringlan, le plus vieux centre commercial d'Islande. Il était noir, un peu ample et sur le devant était imprimé en lettres blanches: "Minn tími mun koma!", ou en (français): "Mon heure viendra!"

C'est une phrase qu'elle est connue pour avoir lancée il y a des années, le poing levé, pendant un discours qu'elle a prononcé après avoir échoué à obtenir la présidence de l'ancien Parti social démocrate. Depuis, c'est devenu une sorte de slogan.

"C'est parfait", m'a dit mon père quand je lui ai montré ma trouvaille. Le Réveillon venu, tout en disant qu'elle ne le porterait probablement qu'à la maison, (Jóhanna) a l'accueilli en riant et en applaudissant.

Et maintenant il semble que soi-disant prophétie se réalise. (...) Ma tante par alliance Jóhanna Sigurdardóttir sera nommée Première ministre par intérim de l'Islande puisque notre "Révolution des casseroles" a provoqué l'effondrement du gouvernement de coalition.


Comme toujours pour un nouveau dirigeant, sa vie professionnelle et personnelle intéresse les médias. Tous les articles que j'ai lus sur elle mentionnent deux choses: qu'elle a été hôtesse de l'air, ce qui est vrai, et qu'elle est homosexuelle, ce qui est vrai aussi.

Honnêtement, les Islandais se fichent complètement de sa sexualité -on peut dire qu'en ce moement nous avons autre chose en tête, comme l'effondrement de notre économie et de notre gouvernement- mais c'est pourtant dans presque tous les gros titres que je vois. Juste en ce moment devant moi sur mon bureau le "London Metro" titre: "Une lesbienne va être Première ministre".

Je ne trouve pas bizarre que les gens se soucient de savoir avec qui elle partage sa vie -après tout ma tante Jónína est une personne spectaculaire et talentueuse-, mais j'ai beaucoup d'amis homosexuels et je me suis rendue compte que si le milieu homosexuel est visible et semble libre en Europe occidentale, les LGBT luttent toujours contre l'hétérormalité et la discrimination.

Alors même si elle est la meilleure candidate pour le poste, avec une cote de popularité de 73%, le monde entier devrait reconnaître à quel point c'est énorme d'être la première Première ministre ouvertement homosexuelle au monde -et avec ça la première Première ministre d'Islande.

Espérons seulement que Jóhanna est à la hauteur de la tâche (...) Croisons les doigts en espérant que Jóhanna aura les couilles de faire ce que les hommes n'ont pas réussi
."