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vendredi 19 décembre 2008

L'Espagne autorise le don d'ovule entre lesbiennes

Photo Orianomada

La Commission de reproduction humaine assistée autorise le don d'ovules entre femmes lesbiennes mariées en Espagne. La FELGBT, l'organisation espagnole de défense des droits des homosexuels, exprime sa "satisfaction" devant cette "avancée des droits des familles LGBT".

Aucune clinique de procréation assistée ne pourra plus, théoriquement, refuser de procéder à ce don a sein d'un couple lesbien marié qui permettra à l'une d'être la génétrice quand sa compagne sera la mère génétique.

La FELGBT dénonce toutefois les discriminations que subissent encore trop souvent les lesbiennes en Espagne. En particulier, l'insémination artificielle leur est refusée quand elles se présentent en tant que couple marié.

L'association dénonce aussi "l'arbitraire" qui règne au moment de l'inscription d'un enfant sur les registres d'état-civil en tant que fruit d'un mariage homosexuel. L'espagne a légalisé le mariage entre personnes du même sexe en 2005.

mercredi 17 décembre 2008

L'homosexualité divise l'ONU

(actualisé le 18 décembre)
Rama Yade a présenté jeudi 18 décembre à New York le projet français d'appel à une dépénalisation universelle de l'homosexualité. En marge de l'Assemblée générale des Nations unies, la secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme a défendu cette déclaration non contraignante, signée par 66 des 192 Etats-membres de l'ONU.

Le Vatican, en revanche, est vent debout contre un texte qui, estime-t-il, menacerait l'institution du mariage. Au total, une cinquantaine d'Etats se sont opposés à la déclaration, en particulier les pays membres de l'Organisation de la conférence islamique. Le texte n'a pas été signé non plus par les Etats-Unis. Rama Yade a qualifié l'attitude américaine de "décevante".

A l'heure actuelle, 90 pays punissent l'homosexualité, dont sept avec la peine de mort.

Le projet appelle tous les Etats à dépénaliser l'homosexualité, et condamne les assassinats, exécutions, tortures, arrestations arbitraires ou privations de droits économiques, sociaux ou culturels que les homosexuels et transsexuels subissent encore dans de trop nombreux pays.

Parmi les signataires de la déclaration figurent l'Arménie, l'Australie, la Bosnie-Herzégovine, le Canada, la République centrafricaine, le Chili, l'Equateur, la Georgie, l'Islande, Israël, le Japon, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, la Serbie, la Suisse, l'Uruguay, le Venezuela, ainsi que la totalité des Etats-membres de l'Union européenne.

Plusieurs organisations de défense des droits de l'Homme ont apporté leur soutien dans un communiqué à l'initiative française. "Les Nations unies doivent parler avec force contre la violence et les préjugés. Il n'y a pas de place pour la demi-mesure quand il s'agit de droits de l'Homme", a ainsi souligné le néerlandais Boris Dittrich, de Human Rights Watch.

Pour Louis-Georges Tin, le promoteur français de la Journée internationale contre l'homophobie, présenter cette déclaration au niveau de l'Assemblée générale des Nations unies est déjà "un grand succès".

En France, Rama Yade a reçu le soutien de GayLib, l'association de l'UMP de promotion des droits des homosexuels, qui a salué dans un communiqué "une déclaration pionnière" et "un signal fort" lancé au monde: "l’homosexualité n’est pas un crime. C’est l’homophobie qui est un délit".

GayLib salue le bilan "largement positif" de Rama Yade, alors même que celle-ci est sur la sellette. La secrétaire d'Etat a en effet "déçu" le président Nicolas Sarkozy lorsqu'elle a dit ne pas souhaiter être candidate aux européennes de 2009. Dans la foulée, son ministre de tutelle Bernard Kouchner estimait d'ailleurs que la création de son secrétariat d'Etat était une "erreur".


Connecticut: les électeurs OK avec le mariage homo


Les habitants du Connecticut soutiennent le mariage homosexuel, légalisé par la justice, selon un sondage publié ce 17 décembre 2008 par la Quinnipiac University. "Quatre électeurs sur cinq sont favorables à une reconnaissance légale des unions entre personnes du même sexe, et près des deux tiers sont opposés à l'interdiction du mariage gay et lesbien dans la Constitution de l'Etat", résume le directeur de l'institut, Douglas Schwartz.

Plus de la moitié des électeurs (52%, contre 39% et 9% d'indécis) sont d'accord avec la décision de la Cour suprême de cet Etat qui a légalisé le mariage homo le 10 octobre dernier.

Lorsqu'on leur demande quelle forme de reconnaissance leur paraît préférable pour les couples homosexuels, 43% des personnes interrogées répondent le mariage, 39% le partenariat civil (Pacs) et 12% estiment qu'on ne devrait pas du tout reconnaître officiellement ces couples. Et six électeurs sur dix (61%, contre 33%) refuseraient d'interdire le mariage gay dans la Constitution du Connecticut, contrairement à ce qui s'est fait par référendum en Floride et en Californie ("Proposition 8") le 4 novembre 2008.

Les couples homosexuels peuvent se marier dans le Massachusetts (depuis 2004) et le Connecticut (depuis novembre 2008). Environ 18.000 lesbiennes ou gays se sont mariés en Californie entre juin et novembre 2008, entre la légalisation et l'interdiction de ces unions. D'autres Etats, comme le New Jersey, le Vermont et le New Hampshire, proposent des unions civiles (sorte de Pacs). Dans l'Iowa, la Cour suprême examine la plainte de six couples homosexuels qui considèrent l'interdiction de se marier comme une atteinte à l'égalité des droits.

Le sondage Quinnipiac University a été réalisé entre le 11 et le 15 décembre 2008 auprès de 1.445 électeurs inscrits dans le Connecticut. La marge d'erreur est de plus ou moins 2,6 points de pourcentage.

- Lire aussi sur LToutes: "USA: oui à Obama, non au mariage gay" (05/11/2008) ; Carte du statut des unions homosexuelles aux USA, par l'association gay et lesbienne TaskForce

mardi 16 décembre 2008

Une lesbienne à un poste clé de l'équipe Obama

LToutes vous en parlait déjà le 10 décembre dernier. C'est désormais officiel: Barack Obama a annoncé mardi 16 décembre la nomination d'une lesbienne, Nancy Sutley, à un poste clé de son équipe.

Elle présidera le Conseil sur la qualité de l'environnement, qui est chargé de conseiller le président et le vice-président américains sur les questions environnementales nationales et internationales. Elle va donc jouer un rôle essentiel alors qu'un accord mondial sur la lutte contre le réchauffement climatique doit être conclu d'ici décembre 2009, et que les Européens placent beaucoup d'espoir dans la nouvelle équipe américaine.

"Ces dernières années, nous avons vu des Etats et des villes prendre des initiatives pour formuler des solutions innovantes sur l'énergie", a souligné Barack Obama lors d'une conférence de presse. En tant qu'adjointe au maire de Los Angeles chargée de l'environnement notamment, "Nancy Sutley a été à l'avant-garde de ces efforts", a-t-il expliqué. "Maintenant, elle va apporter son expérience unique à Washington, et jouera un rôle clé pour rendre notre gouvernement plus efficace et coordonner nos efforts à l'intérieur de nos frontières et dans le monde".

Ironie de l'histoire, Nancy Sutley avait soutenu Hillary Clinton pendant la campagne présidentielle américaine, au sein de la commission californienne sur les questions lesbiennes, gay, bisexuelles et transgenre (LGBT). Après la victoire de Barack Obama le 4 novembre 2008, cette spécialiste reconnue de l'environnement avait intégré l'équipe de transition pour préparer les dossiers de l'Agence de protection de l'environnement (EPA).

Barack Obama prendra ses fonctions le 20 janvier 2009.

lundi 15 décembre 2008

Le Pacs hongrois recalé

Les couples lesbiens et gays hongrois pensaient pouvoir se pacser dès le 1er janvier 2009, mais la Cour constitutionnelle en a décidé autrement.
Elle a estimé que la loi de décembre 2007 sur le partenariat civil dévalorisait le mariage en ouvrant quasiment les mêmes droits aux concubins.
Bref, le Pacs, d'accord, mais seulement pour les homos. Et en attendant qu'il soit redéfini, personne ne peut en profiter.

L'association Háttér de soutien aux gays, lesbiennes, bisexuels et transgenre (LGBT) en Hongrie a organisé une veillée aux bougies dans la soirée à Budapest pour protester contre cette décision.

Lors de la dernière Gay Pride à Budapest en juillet 2008, plusieurs centaines de manifestants d'extrême droite avaient jeté des oeufs pourris et des bombes fumigènes sur le cortège. La police les avait dispersés et en avaient avait interpellé plusieurs. La classe politique avait largement dénoncé ces violences. L'homophobie reste forte dans beaucoup de pays d'Europe centrale et de l'Est.

dimanche 14 décembre 2008

"Pour faire de l’argent, on ne se tourne pas vers les lesbiennes"


Après la fermeture des éditions La Cerisaie, Céline Lion, des éditions "Dans l'Engrenage", répond aux questions de LToutes sur les difficultés -et les opportunités- du marché lesbien.

- Lire aussi sur LToutes: "Fin des éditions lesbiennes La Cerisaie" (06/12/2008)

LToutes: Est-il toujours aussi difficile de vendre des livres aux lesbiennes (et surtout d'en vivre)?

Céline Lion: Nous avons la particularité d’en vivre rarement: les éditions "Dans L’Engrenage" ne salarient personne. Tous les intervenants, y compris moi-même, avons des activités annexes pour gagner notre vie. Les bénéfices de la vente d’un livre servent à publier le suivant, la plupart du temps. Nous faisons appel à des professionnels (couvertures, corrections, traductions), nous publions de la littérature étrangère, ce qui coûte évidemment bien plus cher, et nous soignons la fabrication, tout en resserrant les prix. Un titre comme "Cara et moi", le dernier que nous avons publié, est vendu au prix de 18 euros, alors que chez un gros éditeur, il serait proposé au public autour de 22 euros.

Depuis dix ans, le nombre de maisons d'édition lesbiennes a sensiblement augmenté, ce qui n'est pas une chose si surprenante: nous étions, en France, passablement en retard. On en compte à l'heure actuelle moins d'une dizaine. C’est une bonne chose, parce que l’édition est une activité liée à la personnalité de l’éditeur. C’est très subjectif à partir du moment où il s’agit de choix personnels. Donc, plus il y a d’éditrices, plus il y a de choix.

Pour nous, l’enjeu est de vaincre l’espèce de mépris/méfiance spontanés chez beaucoup de gens lorsqu’on se revendique comme "maison d'édition lesbienne". Il n’y a pas de culture communautaire en France, contrairement à l’Espagne, aux pays anglo-saxons, ou nordiques.

D’autre part, sur le plan culturel, l’émergence d’une meilleure offre de DVD lesbiens (films, séries, etc.) a certainement une incidence sur les habitudes des lesbiennes qui, selon de nombreuses études, sont en général des femmes qui n’ont pas un pouvoir d’achat élevé: il leur faut choisir entre livres et DVD.

LT:Est-ce que les maisons d'édition "hétéros" s'intéressent au marché ?

CL: On se doute bien que si le marché lesbien était rentable, les multinationales de l'édition le sauraient. Nous aurions de la concurrence du côté des grosses maisons généralistes, et nos amies et consœurs de La Cerisaie verraient leur avenir plus sereinement.

La population lesbienne n’est pas, d’un point de vue économique, une cible intéressante pour les gens qui veulent faire du business, contrairement à certaines craintes exprimées parfois par les homos. Si l’on veut faire de l’argent, on ne se tourne pas vers ce public, c’est une évidence. S'il arrive de voir ce genre de publications chez les généralistes, c'est plus un choix ponctuel qui relève de critères autres que politiques.

Nous avons par exemple à notre catalogue un roman merveilleux, "Cara et moi", écrit par celle qui est aujourd'hui considérée par les spécialistes comme l'une des dix plus grandes romancières contemporaines d'Irlande, Emma Donoghue. Eh bien pas un de ces éditeurs généralistes n'a voulu la publier, manquant ainsi de grands livres. Sans doute parce qu'elle écrit trop "lesbien", et qu'elle n'a pas peur de continuer à publier chez des maisons d'édition lesbiennes anglo-saxonnes, parallèlement à ses gros éditeurs conventionnels.

Sarah Waters est l'exception, mais je pense que c'est le succès commercial qu'elle a rencontré en Angleterre qui a motivé ses éditeurs français, et leur a permis de voir qu'il y avait là une grande écrivaine.

Je suis donc persuadée que nous avons un rôle particulier, et que nous acceptons de prendre des risques qui n'intéressent pas les éditeurs généralistes, les débouchés en terme de public étant vraiment trop limités.

LT: Qu'est-ce qui marche le plus auprès des lesbiennes?

CL: Les lesbiennes sont des lectrices normales, donc leurs préférences en terme de genre ressemblent de près à celles de toutes les autres lectrices, à cette nuance près qu'elles sont encore plus consommatrices de littératures populaires: roman sentimental et polar.

LT: Quelles sont vos principales difficultés? La distribution?

CL: Il ne faut pas négliger l'Internet, qui devient un moyen simple et direct de se rendre disponible à toutes les lectrices. Le distributeur devient un peu obsolète. Ensuite, il y a peu de libraires qui prennent le risque de nous réserver une place dans leurs rayons ou sur leurs tables.

Notre choix est de ne travailler qu'avec les libraires prêts à recevoir nos livres, c'est-à-dire à les proposer à leurs clientes. Nous sommes disponibles sur commande partout, mais présentes en stock uniquement dans des points de vente triés sur le volet. Le contraire d'un bon plan marketing!

Nous avons surtout le respect des libraires spécialisés, qui sont nos meilleurs interlocuteurs et se battent au quotidien pour défendre cette spécificité, un gros risque financier pour eux. Nous préférons placer nos livres chez eux que chez des libraires dubitatifs.

LT: Que pensez-vous de la réputation, qui colle souvent à la peau de la littérature lesbienne, de romans "à l'eau de rose"?

CL: Nous publions des romans et des nouvelles qui intéressent les amatrices de littérature pure (couvertures blanches) et, parallèlement, nous lançons une collection de romans policiers d'ici peu (couvertures noires). Nous avons des bandes dessinées, bref nous reflétons le fait que les artistes lesbiennes s’expriment dans tous les domaines.

Nous avons choisi depuis trois ans de dédier une collection clairement identifiable (couvertures roses) aux romans d'amour qui se revendiquent comme tels et répondent aux canons.

Je suis toujours amusée par le fait que la littérature "à l'eau de rose" ait mauvaise réputation. C'est un peu court. Historiquement, la littérature lesbienne est née avec la littérature rose, c'est ainsi qu'elle s'est développée, et qu'elle continue à le faire. Car les lesbiennes ont enfin eu, grâce à ces livres, du rêve. Elles ont pu enfin rêver leur vie, au sens où les autres femmes (et hommes) rêvent la leur. Un rêve de bonheur que je trouve dommage de regarder avec condescendance.

Et puis, aujourd'hui, il y a bien sûr des lesbiennes privilégiées qui vivent dans des lieux ou fréquentent des milieux qui leur permettent de s'épanouir en tant qu'homosexuelles, d'avoir des moments où elles appartiennent à une norme. Mais pour beaucoup d'autres, la littérature sentimentale comble encore un besoin d'identification et les aide. Je reçois beaucoup de courrier en ce sens.

Personnellement, je lis toutes sortes de livres, plus ou moins "faciles", et je peux passer de Jeanette Winterson ou Djuna Barnes à Katherine V. Forrest ou Gerri Hill sans problème. Je n’y trouve pas la même chose, voilà tout. Bizarre de mettre en concurrence des genres… Nous sommes nombreuses dans ce cas. Il ne faut pas négliger le fait qu'il existe une bonne littérature rose, comme il y a une bonne littérature noire, ou une bonne littérature de science fiction.