menu haut

samedi 6 décembre 2008

Fin des éditions lesbiennes "La Cerisaie"

Spécialisée dans la littérature lesbienne, la maison d'édition La Cerisaie vient d'annoncer qu'elle fermait ses portes. "La Cerisaie fut une belle aventure qui n'aurait pas pu exister sans vous. Merci de votre fidélité", écrit sa fondatrice Catherine Allex dans un message diffusé par la Coordination lesbienne en France (CLF).

Fondée en 2002, La Cerisaie a notamment publié récemment "Une Saison andalouse" de Laurence Aurouet ou "Les Enfants d'Héloïse" d'Hélène de Montferrand (prix Goncourt du premier roman en 1990 pour "Les Amies d'Héloïse"). Mais cela n'a pas suffi. La disparition de cette maison d'édition montre que se lancer sur le marché lesbien en France reste un pari à haut risque.

Pourtant, le secteur n'a jamais été aussi dynamique: les maisons d'édition lesbiennes se sont multipliées depuis les années 1990. Alors que Geneviève Pastre avait montré la voie dès 1989, les éditions KTM naissaient en 1998: elles ont fêté leur dixième anniversaire en mai dernier. Les Editions gaies et lesbiennes sont nées en 1997, Dans L'engrenage en 2003, les éditions Julie Oriol en 2004, puis les éditions Labrys en 2005.

"Les lesbiennes savent que nos livres existent et où les trouver"
Dans une série de textes publiée en 2005 dans "Lesbia Magazine" et intitulée "France, années 1990: la décennie lesbienne", Brigitte Boucheron, cofondatrice de Bagdam Cafee à Toulouse, estimait qu'il se publiait 18 livres lesbiens par an dans les années 1990, contre 10 dans les années 1980 et 5 dans les années 1970. A tel point que les éditeurs hétérosexuels ont commencé eux aussi à s'intéresser à ce "marché", en publiant notamment des polars aux héroïnes lesbiennes.

Interrogée par LToutes, Céline Rosset, des éditions Labrys, préfère donc voir dans cette fermeture un "cas relativement isolé". "Il y a des disparitions, comme partout. Cela fait partie de la vie de toute entreprise", explique-t-elle.

Certes, les maisons d'édition lesbiennes "manquent de vecteurs pour se faire connaître", vu le nombre restreint de médias s'adressant aux homosexuelles, et les grands distributeurs restent encore inaccessibles, mais "Internet change la donne", souligne Céline Rosset. "Les lesbiennes savent que nos livres existent et elles savent où elles peuvent les trouver".

Ce dynamisme reste toutefois à relativiser: il se publie toujours trois à quatre fois plus d'ouvrages pour la communauté gay que pour les lesbiennes, et la littérature pour femmes souffre encore d'une tenace image de "romans à l'eau de rose". Une image que conteste Céline Rosset, qui dénonce une "idée préconçue": "il y a plus de maisons d'édition spécialisées, donc il y a plus d'ouvrages qui sortent" et "il y a de tout", assure-t-elle.

La fermeture récemment de la librairie homo "Blue Book" à Paris montre plus largement qu'il reste difficile de vendre des livres aux homosexuels, même si "Les Mots à la bouche" et la librairie "Violette and Co", tenue par des lesbiennes, restent fidèles au poste.

"En France, comme en Belgique, les services et commerces en direction d'une clientèle lesbienne sont héroïques: trop de lesbiennes ne pensent pas lesbien, donc ne dépensent pas lesbien", déplorait Brigitte Boucheron en 2005. Cela "entraîne la mort des entreprises, et de toute façon freine leur expansion et l'ambition de leurs créatrices. Il faut une exceptionnelle pugnacité pour maintenir son rêve".

dimanche 30 novembre 2008

Une lesbienne pour remplacer Hillary Clinton?

(Photo Thomas Good/NLN)

Christine Quinn est la première femme devenue N°2 de la mairie de New York, elle est démocrate, volontaire et... lesbienne. Cette élue de 42 ans pourrait aussi devenir la première sénatrice ouvertement homosexuelle des Etats-Unis si Barack Obama choisit Hillary Clinton pour cheffe de la diplomatie américaine.

Il y a encore quelques jours, Christine Quinn manifestait à New York contre l'interdiction du mariage homosexuel en Californie, où ces unions avaient été légalisées en mai dernier. En 2006, elle avait refusé de participer à la parade de la Saint-Patrick tant que les organisations gay et lesbiennes en seraient bannies. En 2006 aussi, elle avait remercié sa compagne Kim Catullo dans son discours de prise de fonctions à la tête du conseil municipal. Sa biographie officielle mentionne son orientation sexuelle.

On disait Christine Quinn tentée par la mairie de New York en 2009, mais l'élection de Barack Obama à la Maison Blanche pourrait changer la donne.
Barack Obama, qui succédera à George Bush le 20 janvier 2009, n'a pas encore officiellement désigné sa future secrétaire d'Etat mais Hillary Clinton est considérée comme la favorite. L'ex-First Lady appréciée des associations LGBT devrait alors renoncer à son mandat de sénatrice de l'Etat de New York. Elle l'occupe depuis novembre 2000 et l'a conservé haut la main en 2006.

Or si le maire de New York Michael Bloomberg est très bien placé pour récupérer le siège d'Hillary Clinton à Washington, le gouverneur de l'Etat de New York est favorable au mariage homosexuel et pourrait vouloir donner un signal fort en nommant une femme, ouvertement lesbienne qui plus est. Il y a quelques mois, ce gouverneur a ordonné aux services publics d'appliquer immédiatement une décision de justice accordant les mêmes droits à tous les couples mariés, y compris homosexuels.

Seuls le Massachusetts (depuis 2004) et le Connecticut (depuis octobre 2008) ont légalisé le mariage entre gays ou lesbiennes, mais d'autres Etats, comme le New Jersey, le Vermont et le New Hampshire, proposent des unions civiles (sorte de PACS).

La Californie a autorisé le mariage homosexuel en mai 2008, mais il a de nouveau été interdit par un référendum en novembre dernier. Le sort des mariages contractés entre-temps, comme celui de l'animatrice de télévision Ellen DeGeneres et de l'actrice Portia De Rossi, n'est pas fixé.